30 mars
Aujourd’hui, jouons à la question de quel livre vous emporteriez si vous étiez
confinés sur une île déserte. Vous avez le droit à une œuvre substantielle, de la Bible aux 38 volumes d’Astérix, ou à quelque chose de plus léger, des nouvelles de Raymond Carver ou un recueil
de poésie de Pessoa.
Pendant que vous y réfléchissez, permettez-moi de vous dire deux
mots de l’œuvre de mon choix. C’est l’histoire d’un gars qui s’engage sur un chemin périlleux gardé par une panthère, un lion et un loup. Pas très rassuré, il tombe sur un personnage mi humain mi zombie
qui s’offre à lui servir de guide. Notre héros a l’impression de le reconnaître mais il hésite jusqu’à ce que celui-ci lui déclare être chargé de cette mission par sa belle. Ils vont donc se
mettre en route tous les deux à travers d’étranges paysages diaboliques où ils rencontreront une foule de gens trop contents de pouvoir raconter leur vie à quelqu’un. Le récit que je préfère est
celui d’une certaine Francesca, tombée amoureuse de l’homme avec qui elle est en train de lire un livre qu’ils abandonneront vite pour s’adonner à certains doux plaisirs.
Après avoir ainsi parcouru trois régions bien différentes, l’infatigable marcheur retrouvera enfin l’élue de son cœur, sa Béa adorée. Tout est bien qui finit bien.
Cela vient d’être retraduit de l’italien et publié chez Actes Sud. Et si vous habitez Bastia vous aurez peut-être la chance de trouver les 3 volumes dans la librairie qui vient de mettre en drive
les 9000 titres de son stock.
Le récit est écrit en vers mais se lit comme un roman. Les dialogues y sont nombreux. Et l’avantage est que vous pouvez le lire à haute voix et entretenir votre technique pour de futures soirées
agoresques. Si vous avez de la compagnie, vous pourrez aussi vous partager les rôles ; si vous n’avez personne, cela vous évitera de parler tout seul.
Je pense vous avoir donné assez d’indices pour ne pas vous faire l’injure de nommer l’auteur et son chef d’œuvre divin.
A raison de deux ou trois chants par jour (chapitres), vous devriez pouvoir en venir à bout pour la saint Jean, au pire le 14 juillet, et ainsi entretenir vos capacités intellectuelles car, comme
disait La Bruyère, « la vie est une tragédie pour celui qui sent et une comédie pour celui qui pense ».