11 avril
Aujourd’hui, relâche. Une semaine s’achève. On ne se prend pas la tête avec la Syrie, le Yémen, la Palestine, Corbyn et Sanders. Du passé faisons
table rose, ce sera plus gai.
Allons retrouver Shéhérazade pour mille et une nuits. Mais pas dans ses versions abrégées, expurgées, aseptisées ; dans une bonne édition complète
de préférence. Le Décaméron avec ses cent nouvelles risquent de ne pas suffire, autant voire grand. Mille et une nuits, c’est vite passé à condition que ce soit en agréable compagnie et en est-il de meilleure que celle de Shéhérazade ? Je me demande si le ou les auteurs de ces
contes drôles, émouvants, moraux ou immoraux n’avaient pas que ça à faire, comme s’ils avaient été confinés en temps d’épidémie de peste ou de de choléra ou des deux.
Le résultat est bien supérieur, et de loin, à celui de ces publications qui pullulent sur les réseaux sociaux actuellement. Cela donne le tournis tous ces journaux de confinement.
Et je crains fort que l’auteur de ces lignes ne soit pas plus digne d’éloges que tant d’autres. Mais n’est pas Shéhérazade qui veut.
Shéhérazade, elle, se renouvelle chaque soir ; il est vrai qu’elle y jouait sa tête. Ses derniers contes ont autant de fraicheur et de spontanéité que les premiers, alors que nos
publications se font de plus en plus poussives et pourtant, ici, nous jouons nous aussi notre peau. Les nôtres seront vite oubliées.
Qu’en retiendra-t-on de tout cela ? Qui héritera de ces élucubrations quotidiennes ? Comme l’héroïne d’Ardalen, un roman graphique de Miguelanxo Prado, Sabela, l’oublieuse, qui
finira par conserver la mémoire de son vieil ami ? Les générations futures se souviendront-elles de la terrible tempête de cette année comme nous de la grippe espagnole de 1918
?
Pour en faire quoi ? « Depuis trente ans, chaque crise a nourri l’espérance déraisonnable d’un retour à la raison, d’une prise de conscience, d’un coup d’arrêt. Ce ne fut pas le
cas ».
Cela dit, faudra-t-il attendre mille et une nuits avec ou sans Shéhérazade pour enfin retrouver nos sujets favoris, la nouvelle saison de notre série préférée, les résultats du
loto, le championnat de France de Foot, et la météo de demain ?
Car demain, c’est Pâques, je le rappelle à ceux qui auraient perdu la notion du temps. Kéké, c’est son surnom parait-il, a l’intention d’ordonner le traçage des cloches,
méfiez-vous.