28 avril
Aujourd’hui je me demande pourquoi on revoit toujours les mêmes à la télé, surtout en période de crise. Y aurait-il une intention subliminale et
maligne chez ceux qui font la programmation ? Il est vrai que l’on est pas obligé de les regarder à chaque fois à 20h02 ou à 15h. Quant on connait le scénario, il n’y a plus de
suspense. Le comique de répétition finit par lasser, même si certaines répliques attendues parviennent encore à nous faire sourire plus ou moins. Et puis entre deux diffusions, notre mémoire a oublié certains détails pourtant croustillants dont il aurait été
malséants de se souvenir.
De plus cette histoire est cousue de fil blanc, comme les masques confectionnés à la maison. Ça occupe les mamies qui avaient couture en première langue à l’école et les petits
enfants qui font avec elles, par Skype, des travaux manuels. Mais on les voit bien venir ces entourloupes à gros sabots. Un bonhomme qui vous promet monts et merveilles, il faut
être bien naïfs pour se mettre en marche derrière lui.
Mais au bout du compte Le corniaud (le film dont il est question ci-dessus et que tout le monde a vu et revu) n’en était pas un et la morale de cette histoire est que tel est pris
qui croyait prendre car c’est une grave erreur que de sous-estimer le vulgus pecus, dont les ressources d’ingéniosité et de résistance sont insoupçonnables.
Car Le corniaud raisonne simplement, lui. Si on lui dit qu’il faut se conformer aux recommandations des scientifiques et si lesdits scientifiques préconisent une rentrée des
classes en septembre, Le corniaud en déduit qu’il ne faut pas envoyer ses mômes à l’école le 11 mai. L’idée de les faire sortir de la tranchée, sabre au clair et en gants de latex
blanc, face à la mitraille virale ne lui chaut guère.
Ce n’est pas dans le film tout ça, il est vrai (que Bourvil veuille bien me pardonner). J’extrapole. J’extrapole. Et je radote.
Mais, les syllogismes, les sophismes, les tautologies qui trainent au fond de la trousse de tout énarque qui se respecte finissent par se retourner contre ceux qui en usent et en
abusent comme il en advient à l’arroseur arrosé des frères Lumière.
Notre Corniaud pourra toujours méditer cette belle pensée de Pascal, à peine actualisée : « vérité de Dunkerque à … Bonifacio, erreur du Havre au Touquet.